Livre de Frédéric Lenoir, édition Albin Michel, 2021.
Un livre assez accessible qui permet de découvrir la figure du psychanalyste suisse Carl Gustav Jung qui a été un disciple de Freud duquel il s’est séparé pour divergences théoriques importantes qu’on peut résumer ainsi : pour Freud la psychanalyse devait rester au plus près des données rationnelles et objectives ; pour Jung, la dimension sensible du Sujet, et même la dimension mystique faisaient partie intégrante du champ d’étude de la psychologie ; il ne refusait pas de sortir des critères stricts de la science pour s’intéresser aux phénomènes non observables, non prédictibles…
Dans ce livre, différentes notions très importantes aux yeux de Jung sont expliquées par le philosophe Frédéric Lenoir qui est un spécialiste notamment des religions et approches spirituelles de la philosophie et de la psychologie. Les notions d’archétype, de symbole, de synchronicité, d’individuation, etc.
Jung se détache des penseurs de son époque qui à la suite des Lumières donnent la primauté à la raison, la pensée pure. C’est un vieux débat dans l’approche de la vie psychique, du moins en Occident.
Et ce livre permet d’aborder justement l’autre point de vue : Jung n’a aucun problème pour réfléchir et même analyser des phénomènes aussi empiriques que : le sentiment religieux, la confrontation au mystère du monde, l’énigme de la vie, la mort… Jung accueille toutes ces questions et essaie de théoriser ; les scientistes de son époque ne le lui pardonneront pas.
Jung ne fait pas de la théologie mais il a une approche psychologique de l’expérience spirituelle.
Pour lui l’être humain est pris dans une quête de recherche de sens et de cheminement vers un état de totalité et d’accomplissement de Soi et dans cette quête la dimension symbolique ne doit être pas négligée au profit de la raison.
Enfin pour Jung, le drame de l’homme moderne c’est de s’être coupé de la nature ce qui aboutirait à faire émerger des névroses ; l’homme moderne s’est coupé de son passé, ses racines mais aussi de son présent qu’il ne vit pas pleinement tout absorbé par une illusion que le meilleur est toujours à venir, ailleurs, à conquérir plus loin ; enfin coupé de son intériorité, sa vie profonde et intime, l’homme moderne s’appauvrit du coté de son imaginaire, sa créativité au grand profit de la raison critique et de la sècheresse du cœur.
Ce livre peut être une source précieuse si vous vous intéressez à une approche psychologique de la vie spirituelle ; cette dimension ayant toujours été présente dans l’histoire de notre espèce jusqu’à ce que l’émergence des sciences l’ait fait reculer dans notre culture occidentale au point de la confiner à la marge des sciences humaines et aux oubliettes souterraines des sciences dites dures.